VERDUN 2020

RESTAURATION

 

Ford T "torpédo ROUSSET" 1924

 

 
Je m’appelle Olivier, je suis membre de l’association « Auto Rétro Ponot » Au Puy en Velay et Webmaster de ce site.


J’ai acheté cette Ford T de 1924, carrossée à Lyon par les "Ets Rousset", à l’état d’épave en novembre 2003. J’ai immédiatement commencé une restauration totale. Le but est de réaliser tous les travaux moi-même, avec un minimum d’interventions de professionnels. Seuls quelques amis comme « Patrice » et mon frère « Fabien » m'ont aidé dans cette tâche.

Photos de la base

 

Quand j’ai acheté la voiture, elle était complète à 99%. Les 4 roues en 30x3 1/2 avaient été remplacées par des modèles plus larges en 21’’avec des pneus neufs que je n’ai pas gardés afin de respecter la dimension d’origine.

 

Le châssis de ce modèle T est sorti des usines Ford le 18 août 1924. Il porte le N° 10344224. Il a ensuite été carrossé en France, en torpédo commercial.

 

Son premier propriétaire, qui, à l’époque était boucher à Septème dans l’Isère, l’utilisait pour ses livraisons de viande. A la fin des années trente, la Ford, déjà bien fatiguée, fut remisée sous un hangar. C’est en 1984 qu’un de mes amis collectionneur l’acheta pour la restaurer, mais prés de 20 ans plus tard n’ayant jamais trouvé le temps de commencer les travaux, il me l'a vendue.

 

Mauvaises surprises

 

 

Dans une restauration il y a toujours de mauvaises surprises.
- La cellule bois était très abîmée, notamment les longerons qui font la rigidité de l’ensemble.
-Les tôles de la caisse, étaient complètement perforées sur les 10 à 15 cm inférieurs.
- Tous les axes de suspension étaient usés par les lourdes charges transportées dans son passé d’utilitaire.
-Autrefois, la voiture a sûrement subi une inondation noyant le moteur, la boite et la transmission pendant plusieurs années et causant des dégâts considérables.

Châssis

 

 J’ai commencé par démonter tous les éléments du châssis, pour les sabler, les apprêter, les peindre en noir. J’ai aussi réusiné tous les axes de suspension et refait les bagues.

Structure bois

 

 

Le bois formant la caisse, était très abîmé, surtout dans sa partie inférieure. J’ai réussi à trouver chez le fils d’un ancien menuisier, des planches de frêne suffisamment grandes pour pouvoir découper les longerons en une seule pièce. Ce bois aurait été coupé par son père avant la guerre, ce qui est probable vu la grande quantité de poussière qui s’est dégagée lors du rabotage. J’ai commencé par réaliser les deux longerons et les traverses formant la base de la caisse. Ensuite j’ai refait l’ossature du tablier avant, puis les cotés, les portes, jusqu’à la partie arrière. Quand toute la cellule bois a été finie, je l’ai traitée avec un produit contre les parasites, puis peinte en noir.

Tôlerie

  

La tôlerie a aussi demandé beaucoup de travail. Mis à part les ailes avant et arrières, ainsi que le capot et diverses petites pièces qui ont put être réparés, toute la tôlerie a été refaite avec de la tôle neuve de 0.8 mm. Les tôles sont formées à la massette directement sur la cellule bois avant d’être clouées à celle-ci, puis soudées entre elles grâce à un poste à souder « TIG ». Pour obtenir une finition bien homogène et de bonne qualité dans le temps, les soudures et les légers enfoncements (ceux impossible à redresser comme les parties appuyées sur un montant en bois) sont étamés dans les règles de l’art. Patrice (salopette grise), ayant une formation de compagnon carrossier m'a beaucoup aidé dans cette tâche.

Ajustages

 

 

Pour avoir quatre roues en bon état, j’ai en acheté sept. Je les ai entièrement démontées pour choisir les meilleurs rayons, qu’il m'a fallu décaper puisqu’il y en avait des vernis, noirs, jaunes et rouges. J’ai choisi des moyeux qui comportaient des filetages en bon état, retendu l’ensemble en chauffant puis en frappant les trous sur le cercle de la jante dans lequel viennent se loger les manetons des rayons.J'ai remonté le tout sans oublier de passer sept couches de vernis sur les rayons, peint les moyeux et les cercles de roues en noir et les jantes en gris aluminium comme à l’origine. Les cinq pneus sont des « Firestone » en 30x 3. 1/2.
- Par la suite, j’ai remonté tous les éléments de carrosserie pour vérifier qu’ils s'ajustaient parfaitement entre eux.

Moteur et châssis

 

Le moteur très abîmé suite aux inondations qu’il a subi, était difficilement sauvable. Suite à une annonce parue dans la presse spécialisée, j’ai trouvé un moteur identique, qui était très usé. En prenant des pièces de l’un et de l’autre ainsi que des pièces neuves comme les pistons, segments, soupapes etc., j’ai refait le moteur.

 

Ensuite, j'ai remonté le tout sur le châssis.

Préparation/peinture

 

La préparation pour la peinture est la partie la plus fastidieuse d’une restauration. Même si les éléments de tôle ont été parfaitement ajustés, il est important de mastiquer entièrement la voiture, sans oublier le moindre recoin. Bien sûr cette opération ne sert pas à rattraper les défauts de forme, mais à affiner et lisser parfaitement la carrosserie. J’ai mastiqué puis poncé les éléments, 4 fois avec du papier (grain de 80 à sec), puis 1 fois avec du papier (grain 180 à sec), 1 fois avec du papier ( grain 280 à sec), et pour finir avec du papier (grain de 400 à l’eau). Ensuite j’ai recouvert tous les éléments avec un apprêt garnissant, avant de le poncer avec du papier 400 à l’eau, puis 600 à l’eau, et enfin 800 à l’eau. Toutes les pièces formant la carrosserie sont enfin prêtes à rejoindre la cabine d’un carrossier pour apposer la peinture noire.
Par la suite tous les éléments ont rejoint le châssis, la Ford T commence à avoir de l’allure.
Les pièces nickelées sont ensuite polies, puis trempées dans un bain de cuivre et de nickel, avant de retrouver leur place sur la voiture.

Sellerie

 

Une fois la longue étape de montage terminé, Je me suis attaqué au plancher et à la sellerie.

J’ai eu la chance de trouver une ancienne machine à coudre de sellier, que j’ai dû remettre en état avant de l’utiliser.

J’ai commencé par réaliser les panneaux de portes, puis les assises, la capote, et enfin les tapis de sol.

 

Premiers essai

 

 

J’ai longtemps attendu le moment ou je pourrais enfin rouler avec ma Ford T. Je pensais que ce serait un moment de plaisir intense, mais en fait c’était plus un moment d’angoisse intense, avec la peur d’avoir raté quelque chose et de tomber en panne (ce qui je vous rassure, est arrivé plusieurs fois).

 

 

Premier essai sur route. 

Premier plein pour la Ford T.  (Les stations service ont bien changé depuis le précédent, à la fin des années trente).

Premier Rallye, avec "Auto RétroPonot" le 1er Mai 2006.

Conclusion

 

 

Il m’aura fallu un peu plus de 1500 heures pour restaurer cette Ford T, reparties sur 29 mois.

 

Les Ford T sont des voitures rendues passionnantes  par leur technicité et leur historique, et ceci a fait que ma motivation n’a jamais chuté durant tous ces long mois de travail.

 

Si vous souhaitez restaurer un modèle T, n’hésitez pas, jetez-vous corps et âme dans cette aventure, vous verrez ... C’est passionnant !

 

 

 

 

                                                                                       Olivier Chabanne

 



Carrosserie « A.ROUSSET »



Antoine Rousset, grand carrossier Lyonnais est né le 24 mars 1889 à St Galmier, dans le département de la Loire. Son père Joseph Marie Rousset (1855-1930) était menuisier de profession. A la fin du 19e
siècle, il décida juste après la naissance d’Antoine d’émigrer au Chili à Santiago avec sa femme Antoinette (née Thomas), sans doute dans l’optique d’y faire fortune. C’est à Santiago que leur deuxième fils Jean naquit. Durant une quinzaine d’années de vie sans doute rude (Antoine s’y forgea un caractère fort et un gout pour le travail manuel).

 

Antoine qui a passé une partie de son adolescence à Santiago, y fit des études assez longues pour l’époque et le pays, il a obtenu son certificat d’étude en Espagnol.

 

Son père décida au début du 20e siècle de rentrer en France à Lyon avec sa femme et ses deux fils.

 

Le 30 janvier 1914, juste avant la 1ère guerre mondiale Antoine se maria à Lyon 3e avec Angèle Fournier.

 

Antoine en âge de travaillé trouva sa vocation grâce à l’amour combiné du bois et des
voitures dans la création d’une entreprise de carrosserie.

 

Tout d’abord créé le 8 septembre 1920, sous le
nom de « Rousset Frère », cette entreprise de carrosserie automobile et dissoute le 22 octobre 1921, puis renaît sous le nom « A Rousset », le 20 septembre 1922, à la même adresse : 153 chemin de Baraban à Lyon. Antoine Rousset a beaucoup travaillé avec des marques comme « Rocher Schneider », « Rolland Pilain », « Cottin & Desgouttes » pour lesquelles il construit de nombreuses carrosseries de luxe et commerciale.

 

Par la suite l’entreprise, prie de plus en plus d’ampleur et rencontra un vif succès grâce
au début de l’automobile. Durant une quinzaine d’année l’entreprise prospéra au point d’employer une cinquantaine de salariés.

 

A partir de 1923, Antoine Rousset se procure régulièrement des châssis « 500kg » provenant
de l’usine de Bordeaux afin de réaliser des « Normande » deux places et des « Torpédo commerciale » deux et quatre places. Ces « torpédo » de 1923 et 1924 ne possède pas de portes côté gauche, afin d’éviter au chauffeur et aux passagers de se faire faucher par les autres automobiles en descendant sur la chaussée, les deux portes d’accès se trouve à droite. Les modèles 1925 et 1926 reçoivent quant à eux une troisième porte à l’arrière gauche.

 

Les carrosseries pour Ford deviendront rapidement la spécialité d’Antoine Rousset.

 

Antoine Rousset été l’inventeur d’un système d’ouverture de capote de voiture avec dépôt d’un brevet sous le nom de TESSUOR, ROUSSET à l’ envers.

 

Pour des raisons liées aux nouvelles technologies de l’automobile (les caisses toute acier), l’entreprise périclita peu à peu au point de faire faillite. Quelques années avant la 2e guerre mondiale (entre 1935-1937) Antoine presque ruiné
décida de quitter Lyon avec sa famille. Il vint s’installer à Paris où il y vécu pendant et après-guerre. Il y installa un petit atelier de menuisier rue de la Clé au-dessous de son appartement, ou il créa des meubles pour les Parisiens presque jusqu’à sa mort, à Paris dans le 13e arrondissement le 31 Juillet 1965 à l’âge de 76 ans.